En Allemagne, les Tziganes sont arrêtés et déportés pour des raisons ethniques, tandis que la France combat plus leur comportement nomade.
Les tziganes en France
16 juillet 1912 Une loi impose un carnet anthropométrique à tous les nomades, accompagné de deux photos et des empreintes digitales, visé dans chaque commune, à l’arrivée comme au départ d'une commune. Le but de cette contrainte est de pousser un groupe qu’on considère plus comme incontrôlable que comme ethniquement différent à se sédentariser, à rentrer dans la norme.
Le 6 avril 1940, le gouvernement français interdit formellement la circulation des nomades pour toute la durée de la guerre. De plus, ils doivent se déclarer à la gendarmerie ou au commissariat. Comme pendant la première guerre mondiale, ils sont soupçonnés d'espionnage.
Le 4 octobre 1940, les autorités d’occupation ordonnent aux préfets de la Zone occupée d’interner tous les tziganes, les forains, les travailleurs itinérants, les clochards et les sédentaires marginalisés, c’est-à-dire toutes les personnes soupçonnées d’être Tziganes tant par les autorités allemandes que françaises.
Les Tziganes d'Alsace-Lorraine sont les premières victimes de l'Occupant qui les expulsent, dès juillet 1940, vers la Zone libre où ils sont progressivement internés dans les camps d'Argelès-sur-Mer, Barcarès et Rivesaltes avant d'être transférés en novembre 1942 dans le camp de Saliers (Bouches-du-Rhône) spécialement créé par le gouvernement de Vichy pour leur internement.
En novembre 1941, les Allemands décident de réorganiser l'ensemble des camps d'internement pour nomades (appellation officielle), afin de réduire les frais de fonctionnement et trouver une solution au manque de surveillants. Les internés sont transférés dans des camps à vocation régionale. Environ 6 500 hommes, femmes et enfants ont été internés entre 1940 et 1946 dans 30 camps d'internement français en raison de leur appartenance réelle ou supposée au peuple tzigane. La mortalité dans les camps d’internement de Tziganes est élevée, à cause de la sous-alimentation et des conditions d’internement (manque de vêtements et de chaussures, absence de chauffage…)
Bien que les Tziganes de France aient échappé à l'Auschwitz Erlass du 16 décembre 1942 qui ordonnait la déportation à Auschwitz des Tziganes du Grand Reich, certains ont connu les camps de concentration et d'extermination nazis. Des familles furent raflées par les Allemands comme celles qui vivaient dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais et des hommes, en Zone libre, ont été envoyés en Allemagne pour remplir les quotas de travailleurs fixés par les autorités d'occupation pour le Service du Travail Obligatoire.
Ce n’est qu’avec le décret du 10 mai 1946 officialisant la fin de la guerre, que les derniers tziganes, furent libérés du Camp des Alliers en Charente.
Les tziganes en Allemagne
A l'arrivée au pouvoir des Nazis en 1933, les allemands poursuivent une politique contre les tziganes qui existait déjà dans les régions allemandes. Ils rassemblèrent les différentes législations anti-tziganes des Länder et les imposèrent à tout l'empire nazi. Pour justifier leur politique, ils firent entrer les Tsiganes dans la catégorie des asociaux, ce qui leur permit de toucher les sédentaires comme les nomades. Puis, ils mirent au point une définition raciale des Tziganes pour faire disparaitre ce qu'ils ont appelé le "fléau tzigane". Peu à peu, les Tziganes eurent le même sort que les Juifs : les mariages mixtes furent interdits, les enfants exclus des écoles, les adultes de l'armée et les travailleurs soumis à un impôt spécial...
Entre 1935 et 1938, Les Nazis imposèrent une politique de sédentarisation en internant les Tziganes dans des camps communaux. Le premier camp tzigane fut organisé à Cologne en avril 1935. Ces camps étaient de véritables camps d'internement : ils étaient entourés de barbelés, gardés par un gardien armé, les Tziganes ne pouvaient en sortir sans autorisation et étaient soumis au travail forcé. Comme les tziganes étaient considérés comme des associaux, en raison du décret d'Himler de 1937, certains d'entre eux furent déportés dans des camps de concentration.
Himmler ordonna une nouvelle vague d'arrestation sous le code "Aktion Arbeitscheu Reich" qui eut lieu du 13 au 18 juin 1938. Chaque poste de police reçut l'ordre d'envoyer dans les camps de concentration au moins 200 hommes capables de travailler. Dix mille personnes furent arrêtées et internées dans les camps de Dachau, Buchenwald et Sachsenhausen où on leur attribua le triangle noir des associaux.
La déportation devint systématique avec le décret appelé "Auschwitz Erlass" signé par Heinrich Himmler le 16 décembre 1942. Ce décret ordonna la déportation à Auschwitz de tous les Tziganes du Grand Reich. Peu de temps après, le décret fut élargi aux Tziganes habitant l'Autriche, le Nord de la France, la Pologne, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas.
Ainsi, le "camp de familles" a été construit à Auschwitz-Birkenau II en février 1943. Le premier transport arrive le 26 février. Les tziganes y sont déportés par familles. La plupart de ces Tsiganes meurent de faim, de maladies (typhus et Noma pour les enfants) et des suites des expériences médicales pratiquées par le docteur Mengele. En avril et mai 1944, quelques centaines de Tziganes aptes au travail furent transférés à Buchenwald et Ravensbrück. Dans la nuit du 2 au 3 août 1944, les 2 897 personnes restées au "camp de familles" furent gazées.