Quand on parle des juifs victimes de l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale, on emploie deux termes soit "Shoah" soit "Holocauste". La Shoah signifie «la catastrophe» en hébreu. Le terme Holocauste, au sens plus large, est plus couramment utilisé dans les pays anglo-saxons pour désigner ce génocide. Il signifie en grec « le sacrifice par le feu ». La Shoah prend en compte la période allant du début des massacres de l’été 1941 à la fin de la guerre en Europe au printemps 1945.
Mais, la persécution des Juifs d’Europe commence bien avant, avec les humiliations et violences quotidiennes, l’exclusion juridique et sociale, ou encore les spoliations, qui débutent dès les premières semaines qui suivent l’arrivée des Nazis au pouvoir en Allemagne le 30 janvier 1933.
Pour les nazis, les juifs sont l'ennemi à supprimer. Dans leur politique raciale, c'est la race des "inférieurs", "indignes de vivre". Les Juifs sont, donc, coupables parce qu'ils sont juifs quelque soit leur sexe, leur âge ou leur condition sociale. Ils doivent être éradiqués socialement, culturellement, et même, physiquement. Les autres victimes des nazis étaient jugés coupables du fait de leur engagement ou de leur comportement.
L'exclusion des juifs de la société et leur exil forcé
Dans Mein Kampf,"Mon combat", en 1924 pour Hitler confie ses sentiments antisémites mais ne dit rien du sort qu'il réserve aux Juifs une fois qu'il serait au pouvoir. En 1928, il renouvelle le souhait de ne tolérer les Juifs en Allemagne «que comme des étrangers».
C’est en 1933 que débutent les actions nazies contre les juifs. Le 22 Mars, le premier camp de concentration officiel ouvre à Dachau, près de Munich. La même année, Goebbels, ministre de la propagande du parti nazi, ordonne le boycott des magasins juifs et des entreprises juives. Il est interdit aux juifs d’enseigner dans les universités ou de travailler dans des services publics. Le 10 Mai, est organisée un Autodaffé de livres écrits par des auteurs juifs, ou opposants au régime nazi.
En 1935, les juifs sont exclus de l’armée allemande et les lois antisémites de Nuremberg destinées à interdire les unions mixtes entre « Aryens » et Juifs, font remonter la pression contre les juifs.. L'objectif d'Hitler semble être de pousser les Juifs à l'exil, autrement dit d'obtenir une Allemagne « judenrein » (vidée de ses Juifs).
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, a lieu le «NovemberPogrom» , surnommé la «Nuit de Cristal» par les berlinois pour faire allusion aux nombreuses vitrines cassées. Suite à l'agression le 7 novembre d'un conseiller de l'ambassade d'Allemagne à Paris, Ernst vom Rath, par un jeune juif polonais. Le ministre allemand de la propagande, Joseph Goebbels, dénonce un « complot juif » contre l'Allemagne. Il mobilise dans la nuit les sections d'assaut nazies (« Sturm Abteilung » ou SA) et les Jeunesses hitlériennes qui s'en prennent aux synagogues, aux locaux des organisations israélites, aux magasins et aux biens des particuliers. Une centaine de personnes sont tuées. Une centaine de synagogues sont brûlées et 7500 magasins sont pillés. A la suite de cet évènement, la communauté juive est taxée d'une énorme amende pour cause de tapage nocturne et 35.000 juifs environ sont arrêtés et envoyés dans des camps. Ils sont ensuite, pour la plupart, libérés contre rançon et sous réserve de présenter un visa d'émigration. Cet évènement accélère l'exode des juifs. Mais cela ne suffit pas pour Hitler. Il pense alors expédier les derniers juifs encore présents dans le Reich à Madagascar.
L'extermination organisée des juifs d'Europe
30 janvier 1939, après la prise de la Bohême-Moravie, de la Pologne puis de la France, Hitler évoque, pour la première fois en public, devant le Reichstag (Parlement allemand), le projet d'exterminer les Juifs et non plus seulement de les chasser "dans l'hypothèse où ils menaceraient son projet politique".
En Pologne, au printemps 1940, la plus grande partie du territoire est intégré au « Nouveau Reich » avec l'objectif de la germaniser. Le reste de la Pologne, autour de Cracovie, Varsovie et Lublin, est constitué en un « Gouvernement général », qui doit récupérer tous les Polonais et les Juifs restants.
Au printemps 1941, quand l'Allemagne se retrouve en guerre contre l'Angleterre et l'URSS, son gouvernement doit renoncer au projet « Madagascar ». Himmler songe à regrouper les juifs de l'Est dans des "réserves". En fait, ils ont regroupés dans des ghettos où ils seront affamés et feront l’objet d'exactions. Avec l'opération Barbarossa contre l'URSS, quatre Einsatzgruppen (« groupes mobiles d'intervention » de la SS) suivent l'armée allemande en Pologne puis en URSS pour « nettoyer » l'arrière du front. Ils fusillent, alors, préventivement les commissaires politiques du parti communiste et les hommes juifs en âge de combattre dans un premier temps, puis les femmes et les enfants et les personnes âgées. Un commandant d'un Einsatzgruppe qui a participé précédemment, en Allemagne, à l'élimination par le gaz des handicapés mentaux, étend la méthode aux Juifs, au début en les asphyxiant avec les gaz d'échappement d'un camion.
La Wehrmacht piétine avec l'arrivée de l'hiver russe et la résistance des partisans et les États-Unis entrent en guerre contre l'Axe (Allemagne, Italie et Japon). Hitler lance alors la "solution finale" en réglant ses aspects techniques lors de la conférence de Wannsee. L'extermination systématique et totale des juifs est lancée. Les Einsatzgruppen poursuivent les fusillades des juifs à ciel ouvert, à l'Ouest, ils sont déportés vers les camps de travail et les camps d'extermination.
Les mesures prises contre les juifs par Hitler sont de plus en violentes en fonction de l'évolution des évènements internationaux. Ces mesures sont appliquées dans les pays alliés de l'Allemagne et au fur et à mesure dans les pays conquis par les nazis.
Un bilan très lourd
Environ 5 100 0000 victimes - Morts par suite de la « ghettoïsation » et des privations : 800 000 - Morts par exécutions en plein air par les Einsatzgruppen et autres fusillades : 1 300 000 - Morts dans les camps : 3 000 000 (dont environ 1 000 000 à Auschwitz)
Répartition géographique - Europe Orientale : plus de 3 400 000 ( dont 3 000 000 en Pologne ) - URSS : plus de 700 000 - Europe centrale et balkanique : environ 730 000 - Europe occidentale : environ 210 000