Les Juifs en France pendant la Seconde guerre mondiale
Deux politiques antisémites en France. Suivant la zone où se trouvaient les populations, elles furent les victimes de politiques différentes: La politique antisémite de Vichy tournée contre les étrangers ou la politique sécuritaire allemande en Zone Occupée. Pour les allemands, le Juif c'est l'espion. Les allemands sont obsédés par le danger sécuritaire. Ils font recenser les Juifs et marquer les magasins juifs pour éviter tout contact avec les soldats allemands. Ils tentent ensuite de spolier les biens des personnes de religion juive malgré la convention d'Armistice et la convention de la Haye en imposant une gestion aryenne des biens des Juifs. Mais, Vichy refuse. Les allemands appliquent un logique de refoulement. On ne veut pas que les Juifs qui ont fui en Zone Libre reviennent. Et les allemands expulsent des milliers de Juifs des régions d'Alsace Moselle des territoires annexés et des zones frontalières. Depuis 1938, la politique allemande est d'exterminer la présence culturelle des juifs ( depuis la "Nuit de cristal") et d'expulser le maximum de Juifs jusqu'en 1941-1942 vers la Zone Libre de Vichy. Ainsi, 25000 juifs vont être renvoyés.
L'internement des Juifs étrangers par Vichy Vichy se retrouve face à ce problème de réfugiés et va mettre en place des camps comme Rivesaltes qui avaient déjà servi pour d'autres catégories de population comme les espagnols... La loi d'octobre 1940 permet aux préfets d'interner tous les Juifs étrangers. Le 15 septembre 1940 le discours du Maréchal Pétain prévoyait d'annoncer à la radio la dénaturalisation des Juifs (plus d'accès au statut des fonctionnaires ni à l'armée) avec une exception pour les anciens combattants. Mais, Pétain refuse en expliquant que le pays n'est pas prêt. Vichy va passer par des lois ciblées contre les Naturalisés . Ainsi les lois de juillet 1940 empêchent les Naturalisés d'être fonctionnaire, avocat et médecin. "Le Statut des Juifs" en octobre 1940 répond à une logique de Collaboration comme dans tous les pays européens qui gravitent autour de l’Allemagne Nazie. L'Armée et l'Enseignement sont interdits aux Juifs (article 2) ainsi que toutes les professions influentes.
A partir de 1941, un durcissement. Au Printemps 1941, les français pensent que l'Allemagne va gagner la guerre. L'Allemagne Nazie prépare "La solution finale" de la question juive. Pour eux, cela consiste à partir de 1941, en une vaste déportation criminelle. Ce n'est pas encore l'assassinat. Le premier plan prévoit une déportation vers la Sibérie. Les allemands exigent la création d'un "Commissariat Général aux Questions Juives". Un opérateur unique qui unit la politique des deux zones françaises. Des ordonnances allemandes prévoient des spoliations reprises par Vichy. En Mai 1941, on convoque des Juifs, on les arrête et on les interne dans des camps. 660 000 juifs sont convoqués, 42 pour cent n'y vont pas. Les rafles commencent. A partir de janvier 1942, un nouveau recensement des Juifs arrivés en France depuis 1936, est réalisé à la demande des allemands pour favoriser les rafles. Ils seront tous envoyés dans des camps. Vichy refuse l'étoile jaune dans un premier temps et d'interner des Juifs français. En Juin 1942, Himmler décide de déporter en un an tous les juifs d'Europe. Bousquet, chef de la police française, doit fournir aux allemands 40 000 juifs. Vichy accepte. Bousquet veut une complète indépendance d'exécution. L'administration de Vichy devient co-décisionnaire. Ainsi, ce sont des gardiens de la paix et les commissaires d'arrondissement qui ont conduit la "Rafle du Vel d'hiv". Ils ont accepté d'obéir mais sans faire de zèle. Les 2/3 des juifs se sont échappés.
En été 1943, les Français pensent que l'Allemagne va perdre la guerre. Harcelée sur le territoire français par les groupes de Résistants, l'Allemagne met l'accent sur la traque des Résistants et non plus des Juifs. Durant toute la période de l'Occupation, plus de 76 000 Juifs de France ont été Déportés.
Les Résistants en France
Les Résistants étaient des hommes et des femmes de tous âges mais souvent jeunes voire très jeunes.
Ils étaient issus de toutes les couches sociales.
Toutes les sensibilités politiques de gauche comme de droite, toutes les sensibilités philosophiques et religieuses étaient représentées au sein de la Résistance.
Aux côtés des Résistants français, des étrangers ont combattu: antifascistes italiens, antinazis allemands et républicains espagnols réfugiés en France ; immigrés polonais et arméniens ; des juifs de toutes nationalités ; des géorgiens enrôlés de force dans la Wehrmacht....
Les motivations des résistants étaient multiples :
refus de la défaite et de l'occupation allemande
refus du régime de Vichy et de la collaboration
refus du STO
refus de la répression
refus des mesures antisémites
volonté de combattre pour libérer la France et les autres pays européens sous la domination d'Hitler
volonté de combattre le fascisme au niveau européen
Ils ont en commun d'être tous volontaires, sans uniforme, anonymes et clandestins...
Au début, les rares Français qui se sont engagés dans la Résistance dès 1940 l'ont fait à titre individuel ou au sein de petits groupes isolés, agissant de façon spontanée, sans mots d'ordre, sans liens entre eux. Pas formés et peu organisés, ils avaient face à eux deux puissants ennemis, le régime de Vichy et les Nazis. Ils représentaient donc des cibles faciles. Les résistants risquaient à tout moment d'être dénoncés, arrêtés, torturés, emprisonnés, exécutés ou déportés.
Portrait et témoignage de Ralf Finkler
Alsacien, Ralph FINKLER est obligé de se réfugier à Périgueux pendant la guerre. Encore jeune lycéen de 17 ans, après avoir entendu la signature de l’armistice le 10 juin 1940, il rejoint les légaux (membre de la Résistance non –clandestins). Il quitte Périgueux et entre dans la lutte armée. Ralph FINKLER s’est battu aux côtés des espagnols. Puis avec deux autres camarades il est entré dans l’Armée Secrète puis les F.T.P (les Francs Tireurs Partisans).
Lorsqu’on lui demande si il a assisté à des rafles effectuées par les allemands Ralph FINKLER répond que celles-ci «n’étaient pas faites par les allemands, mais par la police, la gendarmerie et la milice, des français zélés ». En revanche, en Dordogne, certains policiers et gendarmes prévenaient les gens pour qu’ils partent.
Par la suite, il entre en « Résistance urbaine » et il fonde avec deux de ses amis une section du MNCR (Mouvement National Contre le Racisme). Ensuite, il entre dans la Résistance, au sein d’un maquis essentiellement composé de réfugiés espagnols. Il parvient à s’enfuir après que les GMR (Groupes Mobiles de Réserve) aient attaqué son maquis.
Puis, il prend la tête d’une compagnie juive de lutte armée. Le 16 mars 1944, Ralph FINKLER a eu « la peur de sa vie » : encerclé à l’aube dans une vieille maison au milieu des bois, mitraillé par une compagnie de gardes mobiles, il a pu s’échapper par miracle du traquenard en se faufilant dans les ronces. Mais, ses quatre compagnons d’arme, tous « guérilleros espagnols », ont trouvé la mort.
Puis, sous l'impulsion de fortes personnalités, ils se sont organisés en mouvements que Jean Moulin a eu pour mission d'unifier. Ils sont devenus beaucoup plus organisés et se structurent en services de plus en plus différenciés (propagande-diffusion, groupes paramilitaires, groupes francs, faux papiers, filières d'évasion…). Pour lutter contre la répression, ils cloisonnent leurs activités pour être moins vulnérables en cas d'arrestation de certains de leurs membres. Parallèlement, les maquis se développent, à partir de février 1943, une partie des réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) les rejoignent. Situés dans des zones montagneuses et forestières, ils profitent d'un milieu naturel qui les protège, d'une partie de la population locale qui les aide et ils mettent en place une culture du secret. La Résistance devenant plus efficace, la répression contre les résistants s'intensifie.
Témoignage de Jean Paul Baudoin sur les maquis Le maquis de Durestal, au cœur de la Dordogne, a été occupé à plusieurs époques par différents groupes de Résistance, avant d'être démantelé à la fin de l'année 1943, puis réoccupé en 1944.
Le site de Durestal est occupé pour la première fois par la Résistance au mois de juillet 1943 par le maquis de Mojzesz Goldman. Il s'agit d'un jeune juif polonais, dit « Mireille ». C'est l'un des premiers chefs de l'Armée Secrète (AS) en Dordogne. Engagé volontaire dans l'armée française, il est démobilisé en 1940 et rejoint sa famille en Dordogne, contrainte par les allemands à rejoindre la zone libre. Il prend contact en 1942 avec les premiers groupes de résistants. Goldman confie à Pierre Larrue, le soin de trouver un endroit pour implanter un maquis. Ce chasseur de sanglier connaît parfaitement la forêt environnante. Il recommande le site de Durestal pour ses qualités stratégiques : une forte couverture végétale, un relief vallonné, l’isolement du site, les possibilités de surveillance et de repli. De plus, son emplacement se situe à la frontière de trois communes. Les patrouilles des gendarmes ne vont que très rarement jusque là. Un site providentiel pour tenter d’échapper à la traque des autorités françaises et allemandes. Ainsi, au mois de juillet 1943, le maquis des Sangliers s'installe à Durestal. Le camp est surveillé en permanence par des gardes relevés toutes les quatre heures. Son accès ne peut se faire que grâce à un mot de passe. Ceux qui rejoignent le maquis sont d’abord interrogés par un «légal», c’est à dire un résistant qui n’est pas rentré dans la clandestinité. Celui-ci le teste. Si l’enquête des résistants est positive, le candidat recevra des instructions pour être vu par le chef. A la suite de quoi il recevra ou pas ensuite des instructions pour rejoindre le maquis. La vie dans le maquis est rude et dictée par des mesures de protection. Ainsi, pour déjouer la surveillance des allemands et de la milice française, il est interdit de faire du feu en journée…
Il est difficile d'échapper aux autorités françaises et allemandes car ils sont souvent aidés par des délateurs. Contre eux, les maquisards prennent des mesures...
Pourtant, au mois d’octobre 1943, une lettre de dénonciation indique aux autorités l'emplacement du camp. Le 20 octobre, les Groupes Mobiles de Réserves (GMR) décident d’intervenir dans la région de Sainte-Alvère pour une double opération de répression : à l'école des cadres de Cendrieux et au maquis de Durestal. A Cendrieux, des hommes sont arrêtés et des documents saisis. Les GMR vont jusqu’au camp de Durestal. Mais face à son organisation et à ses effectifs supposés conséquents, les GMR en minorité se replient. Après cette opération, Durestal est moins sûr. Une partie des maquisards doit être évacuée. La chasse aux maquisards est âpre. Tous sont interrogés pour livrer des noms… Ainsi, « Mireille » est finalement arrêté à Périgueux le 30 octobre 1943. Il est interrogé, puis transféré à la prison de Fresnes, et torturé par la Gestapo avant d'être déporté à Auschwitz puis Buchenwald. Au mois de mai 1944, le camp de Durestal est à nouveau utilisé par un groupe de maquisards : le groupe Ancel.
Cette répression ne vise plus seulement les résistants mais aussi la population locale qui pourrait apporter de l'aide aux maquisards. De véritables actions de ratissages sont menés par les allemands.
Par exemple : le 26 Mars 1944 dans le Ribéracois
Le 26 Mars 1944 une division composée d’Allemands, de Géorgiens et d’autres assassins envahissent Ribérac dans le but de mener une opération contre le Maquis de la Double situé au Sud de Ribérac entre Monpton et Mussidan. Ne trouvant pas de Maquisards, elle s’est acharnée sur la population locale, multipliant les Incendies, les viols, les pillages, les arrestations, les assassinats d’otages. Le but de cette répression était de récolter des informations sur les maquis de la région et de terroriser la population locale pour qu'elle n'aide pas les résistants voire qu'elle collabore à leur arrestation. Cette journée a été très sanglante pour la région : Il y a eu de nombreux morts et 250 arrestations dont 20 morts en Ribéracois et dans la forêt de la Double. Parmi eux :
Nestor Léon Duchez 38 ans, Charles Sicoire Dupuy 41 ans, Gabriel Jean Raspiengeas 62 ans, Gilbert Dosilé 45 ans, tous les quatre garagistes sont accusés d'assistance à la Résistance. Leurs garages et leurs maisons sont pillés et saccagés. Ils sont interrogés violemment, malmenés, torturés et finissent fusillés au lieu-dit ‘Pont Auriol’ à Saint-Martin-de-Ribérac avec quatre autres Ribéracois.
Léon Dupeyrat 66 ans et son Métayer Antoine Lafaye sont assassinés et brûlés à ‘La Boucherie’ prés d’Allemans.
Maurice Dumonteil est torturé et brûlé dans sa ferme à La Jemaye.
Robert Dubois 25 ans, agent de liaison du groupe de l’AS à Neuvic est fusillé dans un chemin à Saint-Martin vers minuit.
A Vanxains un garçon de 18 ans est abattu après avoir creusé sa tombe.